ODVAGEL
Station spatiale d’épuration orbitale
Éboueur orbitale, le plus haut boulot du monde
Dark Biome/Introduction/
Poésie orbital, un réveil ouaté.
Les yeux à peine ouverts j’entendis résonné le cœur de la machine. Un imbroglio de timbres martelés, rythmé en un tintamarre
d’acier au seuil de l’éveil. A l’intérieur, son ventre gargantuesque aux tripes vigoureuses grognait d’amples borborygmes en un
flux continu d’onomatopées métalliques, diphtonguant aux sons des liquides d’étranges voyelles comme cognée sur les bords
d’une timbale de fer en mouvement, tanguant un fond d’eau pour en moduler sa tessiture. Tendant l’oreille, je perçu bien au-delà
du cœur mécanique un étrange tumulte qui s’étendait plus encore. Les multiples canaux des trappes d’aération et les tuyauteries
des fluides hurlaient à tue têtes des hystéries collectives, sur les gouttières les câbles Voltflash et épurateurs Biogel sifflèrent en
perce oreille leurs dissonances. Les hautes fréquences s’intensifiant vrombissaient la machine avec toute une faune de cliquetis
électromécaniques asynchrone, le volume sonore explosa orchestrant les vidanges système dépressurisant la Motomatrice de
survie avec un bourdonnement assourdissant digne d’un tonnerre de ciel ionisé des lunes de Syphoris
Un corps presque nue désenglué par une prompt succion mécano-plasmique, la peau truffée de bio-capteurs se détachant tous en
un par le programme d’évacuation, ruisselant de sueur poil hérissé je me retrouvai les paupières a demi collées dans une capsule
de stase Cryogel. Le nez bleuit, aplati sur la vitre blindée du sas, bavant des chuchotements incohérents d’une langue flasque et
engourdie. Je pourrais dormir dans un endroit plus confortable, mais quand je suis bourré la veille mon autre moi croule dans des
lieux bien à lui.
J’ouvris le sas me laissant choir sur le sol lisse genoux et coudes endoloris par l’impact. L’hydrogelmousse amiotechnique coula
derrière moi à flot visqueux dans un fracas d’eau épouvantable, formant une flaque épaisse en expansion qui me dépassa à toute
vitesse vers les cloisons d’aciers. M’emportant avec mollesse le corps glissant, tourbillonnant tel une feuille sur l’eau dans une
trajectoire parabolique improbable, un virage serré à angle droit pilotés par quelques transducteurs gravitationnels en surcharges
ancrés dans le sol, collant de nouveau la pointe du nez et l’intégrale des narines à l’autre bout de la pièce sur une paroi entière
de verre glacée avec le choc et le son d’une flèche en caoutchouc. Je me relevai mouillé face a la grande baie vitrée du local de
maintenance des liquides et de stockage des Gelgaz. Le spectacle était grandiose, ébouriffant…
Un peu en bas comme collé aux hublots, la vue partielle de l’immense planète bleue au dessus de laquelle la station orbitait,
laissait apparaître à sa surface la trajectoire circulaire du jour et de la nuit. Par son mouvement perpétuel, elle présentait cette
commissure comme le voyageur d’un matin sans fin suivant son étoile, le soleil. La Terre semblait si pure, auréolée par sa fine
atmosphère bleutée. Les couleurs des continents millésimés en de précieux patchworks exacerbaient l’étendue du monde, de
terres de siennes minéral de rouge carmins au sanguin le plus pourpre s’étendait un vert végétal et serpentant des plus haut
sommets en de myriade de lacets les rivières et les fleuves élargis par l’érosion du temps finissant leurs course dans un virage
effréné de volute vers l’horizon d’eau. L’incroyable quantité d’eaux des mers unifiée en une seule entité, la plus grande mine
de sel, laissait entrevoir le relief des grands fonds, plus sombres, obombré d’un bleu cobalt et marine, noircissant là ou au-delà
des abysses la lumière du cœur du soleil s’éteint. Haut dans le ciel, l’étendue des nuages blancs duveteux au plis d’étoffe drainés
par les vents couvrait en partie la sphère terrestre renforçant ainsi son aura atmosphérique d’une soyeuse et douce maturité.
Mais … c’était là un leurre charismatique. La sainte couche azurée vue de l’espace cachait un désastre de fin des temps. Un âge
mutagène invisible d’en haut stérilisant le biome planétaire dénaturant sa forme originel. Un nouvel écosystème émergeant ou
d’étranges mutations s’étaient emparées de la vie, l’altérant en d’obscures entités. A la surface des continents, au seuil de la nuit
au lever du jour, la forte luminescence des villes à d’autres villes par l’entrelacs des routes n’étincelaient plus le monde,
le flambeau de la civilisation semblait éteint. Mais là ou dans les terres nocturnes de faibles lueurs brasillaient, quelques
nitescences scintillaient encore, révélant une démographie résiliente.